Tréguennec : l'histoire de l'ancienne usine à galets des nazis
À Tréguennec, dans le Sud Finistère, beaucoup de visiteurs s'interrogent sur ces ruines qui se dressent dans les dunes du Pays Bigouden. Il s'agit d'une usine de concassage de galets construite par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. On vous en dit plus.
Un vestige de l'occupation en bord de plage
Pour découvrir ces étranges vestiges de la Seconde Guerre mondiale, peu connus et pourtant très visibles, il faut se rendre à Tréguennec en Baie d'Audierne, site réputé pour ses galets, entre la pointe de la Torche et le port de Penhors.
C'est ici que les nazis ont construit une impressionnante usine de concassage et de stockage de galets en 1942. L'organisation Todt, groupe de génie civil et militaire du 3e Reich, y emploie entre 350 et 400 ouvriers. Objectif des allemands : extraire des tonnes de galets, matériaux indispensables à la construction des bunkers du Mur de l'Atlantique.
Aujourd'hui, on peut toujours voir l'énorme mur-casemate de 150 m de long, 10 m de haut et 2 m d'épaisseur, qui protège les bâtiments de production, le concasseur principal, les silos de chargement et les trémies en béton armé de la " forteresse des dunes ".
Pendant la guerre, le concasseur de Tréguennec tourne jour et nuit. Les galets sont triés, concassés et transportés par train vers Pont-l'Abbé, puis Quimper. Quatre à six convois acheminent chaque jour les granulats extraits. À la Libération, le chantier de galets est détruit par les Allemands. Il sera réhabilité pour satisfaire aux besoins de reconstruction d'après-guerre, notamment pour la ville de Brest presque entièrement rasée après les bombardements des Américains en 1944. Au total, près d'un million de tonnes de galets seront extraites de la plage, provoquant un impact écologique irréversible et destructeur sur le milieu naturel.
Quand l'histoire façonne les espaces naturels
Les extractions massives de galets ont profondément fragilisé l'Ero-Vili (le cordon de galets en breton). Ce rempart naturel est réduit aujourd'hui en une mince élévation qui sépare l'estran sableux des étangs et des paluds.
À l'image des dunes, le cordon littoral de galets de la Baie d'Audierne - 10 kilomètres de long et 5 mètres de haut en moyenne - est un lieu de vie important pour la faune et la flore. Formé il y a environ 5 000 ans, il agit comme un " tampon protecteur " contre la houle et les tempêtes. Les galets servent aussi d'habitat de nidification pour de nombreux oiseaux comme le gravelot, une espèce côtière particulièrement fragile.
Un arrêté préfectoral en date du 19 mars 1934 interdit toute extraction côtière de galets sur le territoire, mais ce n'est qu'à partir des années 1990 que les pouvoirs publics prennent conscience de l'enjeu et mettent en oeuvre un vaste dispositif de préservation du milieu naturel. Aussi, rappelez-vous qu'il est interdit de prélever des galets et de réaliser des monticules de pierres (cairn) comme on en voit assez souvent en se promenant sur le littoral.
- Accès : lieu-dit Prad ar C'hastell, sur la commune de Tréguennec (à 7 km à vélo du Camping de La Torche).
- Visite commentée : les balades nature de Steven – sur la Pointe des pieds (juillet/août, rdv à la borne d'information de la pointe de la Torche, nouveau parking).
- Pour en savoir plus : le livre de Alain Le Berre, Yvan Marzin et Jacques Morvan " ERO VILI, Le Chantier de galets de Tréguennec ".
photo@ Henri Moreau